« C’est donc mon amour des acteurs, des chanteurs, des danseurs, des mimes, qui me pousse à commencer, la semaine prochaine, sous le titre Le Foyer des artistes, une suite de portraits. » Le 4 octobre 1941, dans Comœdia, Cocteau inaugure une nouvelle série d’articles qui se poursuit avec de longues interruptions jusqu’en septembre 1943.

L’édition originale du Foyer des artistes paraît chez l’éditeur Plon en 1947. Dans cet autre livre de « poésie critique », Cocteau réunit les articles parus sous ce titre dans Comœdia, « hebdomadaire des spectacles, des lettres et des arts », du 4 octobre 1941 à septembre 1943, ainsi que, sous le titre « Articles de Paris » un choix des articles donnés au quotidien Ce Soir du 2 mars 1937 au 21 juin 1938. Vingt-quatre de ces articles publiés dans Ce Soir ont été écartés. Ils ont été publiés par Pierre Chanel, dans Poésie de journalisme, chez Belfond en 1973.
Une troisième section comporte trois « Hommages » : « à Jean Giraudoux », publié dans Comœdia en février 1944, « à Molière », texte lu par Julien Bertheau pour l’inauguration de la Salle du Luxembourg, le 20 novembre 1946, et « à Racine », texte dit par Denis d’Inès à la Comédie-Française le 21 décembre 1946, pour l’anniversaire de Racine.
« Édith Piaf » reprend le texte de présentation de la chanteuse sur la Chaîne parisienne, le 2 juin 1946, avant une audition du Bel Indifférent. Outre les dates de publication des articles (plusieurs sont erronées), quelques rares précisions figurent à l’intention des lecteurs de 1947, à propos d’allusions à une actualité qui s’est éloignée. Le Journal 1942-1945 (Gallimard, 1989) éclaire de manière souvent très intéressante le contexte dans lequel s’écrivent les articles de Comœdia.

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Le Foyer des artistes prend tout naturellement la suite des précédents « exercices de style » de Cocteau dans le domaine du journalisme, de Carte blanche à Mon Tour du monde en quatre-vingts jours en passant par les Portraits-Souvenirs. Dans sa forme éditée, qui juxtapose des articles de Comœdia et Ce Soir, le recueil propose à la fois une suite de portraits d’artistes et un panorama des arts au milieu du XXe siècle, du théâtre de la rue (vitrines des grands magasins) aux arts du spectacle, au fil d’une actualité souvent mise en perspective et vis-à-vis de laquelle Cocteau aime aussi prendre du recul. De grands noms illustrent ce panorama, comme Greta Garbo, Arletty, Charles Münch, Maurice Chevalier, Charles Trenet, Jean-Louis Barrault, Marie Bell, Édith Piaf, Mounet-Sully ou Raimu.