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L’histoire d’Al Brown et Jean Cocteau à travers livres et revues

Panama Al Brown (1902-1951) a été champion du monde de boxe dans la catégorie des poids coqs (53 kg) de 1929 à 1935.
Plus dilettante qu’ascète, Brown a connu un franc succès pour ses facilités, sa capacité à séduire, sa morphologie longiligne peu commune (1,75 m) mais aussi ses inconstances, ses générosités de noctambule et sa propension aux arts du spectacle hors du ring. Pendant et après sa carrière, il a notamment participé à la Revue nègre de Joséphine Baker ainsi qu’à diverses tournées de cirques.
Sa carrière internationale passe par la France où il envisage de s’installer après avoir perdu son titre contre l’Espagnol Baltazar Sangchilli. La défaite eut lieu le 1er juin 1935, dans un contexte douteux : Al Brown aurait été drogué par son propre manager, lequel cédait aux manœuvres sous-jacentes alors en usage dans les arcanes des paris sportifs. Trahi, dépité, conscient d’avoir été trop longtemps exploité, il s’occupait à gagner sa vie dans un cabaret parisien lorsque Cocteau lui fut présenté.
Le regard neuf de Cocteau réveillera la flamme du champion. Contre tout pronostic, le poète va s’appliquer à guider son protégé vers une revanche, ultime victoire arrachée au même Sangchilli le 4 mars 1938. Cocteau et Jean Marais assistaient à la performance.

Puis l’Europe va entrer en guerre, les routes et les espoirs se séparent et Al Brown retourne à ses origines. Il meurt à New York d’une tuberculose à l’âge de quarante-huit ans, dans la pauvreté mais pas vraiment dans l’oubli.

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« Les poètes et les fantômes aiment prendre contact et savent correspondre. Le fantôme d’Al Brown refusait d’entendre parler de boxe. Peu à peu le poète prouva au fantôme qu’il fallait venger le mort et continuer son œuvre. Cela offre des avantages. »
(Jean Cocteau cité par Michel Cressole, « Le temps des garçons de profil », hors série dédié au poète, Libération, octobre 1983, p. 26.)