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Affiche du « Centenaire de Jean Cocteau » en 1989 : parmi les événements organisés à Montpellier, des journées de cinéma présentent l’ensemble de ses films.

Cocteau peut être lui-même le sujet d’un festival de films. La chose s’est produite à de multiples reprises depuis son décès, attestant que son cinéma a toujours un public.
Le fonds conserve une quinzaine de programmes de festivals de toute taille et de tout type. On y trouve par exemple le catalogue de la rétrospective de la Mostra de Venise en 1989 ou une intégrale à la Cinémathèque française la même année, à côté de manifestations plus modestes comme celle organisée au casino de Vals les Bains en 1994. Un certain nombre de ces programmes ont été proposés à l’étranger : en Italie (Parme) ou en Espagne et même au Vatican ! Montpellier a pris sa part à cette transmission en proposant à trois reprises un programme de films : en 1989 (centenaire Cocteau), en 1998 (hommage à Jean Marais) et en 2001 (Jean Cocteau et l’image). Cette partie du fonds confirme le rayonnement international de l’œuvre de Cocteau.

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Au cours de sa vie, Cocteau a honoré un grand nombre de festivals de sa participation. Il faut y voir moins l’expression d’un goût pour les mondanités (quoiqu’il n’y fût pas indifférent) que le désir de se trouver là où les choses se passent, là où se jouent le destin des films nouveaux et l’avenir du cinéma.
À ce tableau c’est le Festival de Cannes qui vient en tête. Cocteau y participa dix fois entre 1946 (première édition) et 1960 (quatorzième). Dès 1946 il est sollicité pour écrire une préface de quatre pages pour l’ouverture. Il y vient en compétiteur, puisqu’il présente La Belle et la Bête qui n’obtient pas de récompense. Ici commence un désaccord entre le Festival et lui qui ira en s’accentuant, mais ne l’empêchera pas d’y revenir. Il est deux fois président du jury, en 1953 et 1954. Pour ce second mandat il côtoie Buñuel, Bazin, Steve Pasteur, André Lang, mélange de « modernes » et de tenants de la vieille école. Il participe à nouveau au jury en 1955 sous la présidence de Marcel Pagnol. En 1956, on lui propose la présidence d’honneur à vie pour apaiser son humeur à la suite d’un incident. Cette nouvelle fonction lui permet d’intervenir à divers niveaux dans toutes les éditions ultérieures. Celle que la postérité a retenue au premier chef est l’édition de 1959, où on le vit prendre la défense de François Truffaut et du jeune Jean-Pierre Léaud venus présenter Les Quatre cents Coups. Le Festival lui rendit un hommage en 1960.

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Cocteau s’est rendu quatre fois à la Biennale de Venise. En 1948 il y retrouve Bazin et Orson Welles. Il y présente L’Aigle à deux têtes, qui n’obtient rien tandis que Noces de sable et La Voix humaine reçoivent des récompenses. Les Parents terribles étaient projetés hors compétition. On le voit, il était alors particulièrement présent sur le terrain festivalier. En 1949 Orphée obtient le Prix de la critique. Cocteau reviendra en 1950 et en 1958.

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Le festival qui lui doit le plus, et le plus singulier auquel il ait participé, est celui du film maudit de Biarritz en 1949, né du ciné-club Objectif 49, foyer de contestation et vivier de la nouvelle génération. Il participe à son organisation et en dessine l’affiche. Il assiste assidûment aux projections qui ont lieu du 29 juillet au 5 août 1949. Il fait récompenser Le Deuil sied à Électre de Dudley Nichols. Un Prix 16 mm est accordé à Jean Rouch. Le fonds s’honore de posséder le programme de ce festival, objet rare et document essentiel de l’histoire du cinéma.

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À ce tableau il faut ajouter des participations à des manifestations moins spécifiques : on doit retenir celle au referendum international organisé en marge de l’exposition universelle de Bruxelles en 1958, un autre document très rare et très instructif. Car le fonds Cocteau n’éclaire pas seulement l’œuvre de Cocteau mais aussi tous les mouvements culturels de son temps.