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Hommage à mes ennemis, dessin de l’album Maison de Santé (1926).

Comme Desnos ou Éluard, Aragon fait partie de ces poètes surréalistes avec qui Cocteau se réconcilie un jour et sans raison bien explicable, après des années de luttes, d’antagonismes, et d’une inimitié active alimentée contre lui par André Breton.
Avec Aragon, « qui fut l’étoile d’un groupe hostile à ma personne », écrit-il en 1962, des relations plutôt amicales précèdent, entre 1918 et 1920, une longue mésentente. Un rapprochement s’opère à la fin de 1936, dans le contexte de la guerre d’Espagne.
Après la guerre de 1940 et la période de la Libération, Aragon apporte un soutien indéfectible à Cocteau, dont la signature se retrouve très régulièrement dans les pages des Lettres françaises tout au long des années cinquante ; soutien particulièrement éclatant au moment de son élection comme « Prince des poètes » en 1960, contestée par André Breton.
Cocteau admire aussi le poète du Roman inachevé (1956), qui, « s’il ne se laisse pas prendre au rythme torrentiel (sorte de roman) mieux que personne emploierait la splendeur secrète qui échappe aux admirateurs de Baudelaire et même à ceux d’Anna de Noailles » (Le Passé défini, 29 juin 1956). Et à l’auteur de La Semaine sainte (1958), roman de six cents pages qu’il savoure comme « une sorte de miracle d’élégance. Une fuite dans l’élégance » (Le Passé défini, 28 octobre 1958), il écrit deux lettres profondément admiratives.