Ce recueil publié en 1925 réunit Le Cap de Bonne-Espérance (1916-1919), Poésies (dont L’Ode à Picasso, 1920), Vocabulaire (1922) et Plain-Chant (1923). Il donne aussi en première édition le Discours du grand sommeil (1916-1918). Au centre, un exemplaire dédicacé de la réédition de 1936, avec un dessin original de Jean Cocteau.
S’il donne le nom de poésie à toutes les formes artistiques qu’il a illustrées, Cocteau met toutefois au premier rang la « poésie de poésie », celle qui s’incarne dans les mots. Depuis La Lampe d’Aladin en 1909 jusqu’au Requiem en 1962, elle va prendre la forme de plaquettes, de livres, d’anthologies, parfois illustrés par le poète lui-même, et parfois de poèmes-objets, comme ceux qui ont été présentés en 1926 à la galerie des Quatre-Chemins.
Cette variété formelle ne doit pas cependant faire oublier l’unité profonde d’une œuvre qui, du premier livre au dernier, reste fidèle à un imaginaire marqué par le thème récurrent de la mort aux visages multiples, et, reliés à celui-ci, à ceux de l’invisible, du miroir, du passage vers un ailleurs mystérieux dont il faut revenir toujours plus fort, toujours vainqueur.
Cocteau éprouvera aussi, à plusieurs reprises, le besoin de faire passer sa poésie par la voix, la sienne assez souvent ou celle de comédiens dont il se sent proche, comme Marcel Herrand ou Jean Marais. Et c’est encore une manière de souligner l’instabilité des frontières dans une œuvre où l’on circule de la poésie au théâtre, où le dessin est de l’écriture dessinée, où l’image filmique utilise une « encre de lumière ».