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Édition originale du Cap de Bonne-Espérance, parue à 510 exemplaires aux Éditions de la Sirène en 1919, avec une dédicace à l’aviateur Roland Garros. Ci-dessus, un des dix exemplaires sur vieux Japon, avec un envoi manuscrit de l’auteur daté de 1955.

La mue artistique vécue par Cocteau à partir de 1913, racontée dans Le Potomak, a des conséquences sur la ligne rythmique du poète. La préface de 1918 au Cap de Bonne-Espérance récuse tout choix systématique en matière de « métier du vers », qu’il s’agisse des formes fixes adoptées dans les premiers recueils ou des « rythmes vagues du vers libre ».
À l’exemple d’Apollinaire, qui indique à une correspondante en 1915 qu’« il ne peut y avoir aujourd’hui de lyrisme authentique sans la liberté complète du poète », jusque dans le choix d’écrire des « vers réguliers » (lettre à Jeanne-Yves Blanc du 30 octobre 1915, à propos de « la poésie libre d’Alcools ») ; à l’exemple de Max Jacob aussi, dans ses poèmes publiés en revue et plus tard rassemblés dans Le Laboratoire central (1921), Cocteau revendique le droit de parler par plusieurs bouches, de recourir à tous les moyens métriques et rythmiques à sa disposition pour servir son propre « style intérieur ».
C’est ce qu’il fait dès les poèmes d’Embarcadères (écrits, pour l’essentiel, en 1917), dans le Cap de Bonne-Espérance, dans les recueils Poésies (1917-1920), Vocabulaire puis Opéra.