Search
Generic filters

En décembre 1915, le convoi d’ambulances auquel Cocteau est rattaché s’installe à Coxyde sur le front belge pour les trois mois d’hiver. Le poète y prend de très nombreuses photos avec le Kodak familial, ainsi que des « notes de guerre très sèches » qui nourriront à la fois Thomas l’imposteur et Discours du grand sommeil.

« Tout cela, tout cela s’apparente au tour dont je viens d’être victime. On dirait que c’est un vieux mort qui te parle. Il est si tôt que le relève ne m’a même pas encore trouvé. Je suis aussi auprès de ma mère. Je te vois dans ton lit et je me vois dans la pose d’un homme myope qui cherche son lorgnon sous un meuble. Je commence à me dissoudre. Pour que tu comprennes, il faudrait multiplier à l’infini la sensation que fait une boulette qu’on roule avec le bout de ses doigts croisés l’un sur l’autre. Je voudrais qu’on me dise depuis combien de temps que je suis mort. »
(Jean Cocteau, « Discours du grand sommeil », publié dans Les Écrits nouveaux, n° 11, novembre 1921.)