Portraits d’Apollinaire par Jean Cocteau en 1917 et en 1958. « Il m’est difficile de l’imaginer sans ce petit casque de cuir qui protégeait sa blessure. » « Ce petit casque semblait faire corps avec sa personne et n’être que le dispositif grâce auquel il recevait et transmettait certains codes » (Poésie critique, Gallimard, I, 1959.)

Les relations entre Apollinaire et Cocteau ont été brèves et complexes. Ils se sont connus vers la fin de 1916. Leur premier échange de correspondance date de Noël 1916 et le dernier du 5 novembre 1918, quatre jours avant la mort d’Apollinaire. Cocteau, fasciné par la personnalité du poète d’Alcools, a tout naturellement songé à son patronage pour Parade et finalement obtenu qu’il publie un article dans Excelsior à cette occasion (11 mai 1917), mais il semble toujours craindre une réserve de la part de son prestigieux aîné, lequel donne parfois le sentiment de ne pas vouloir s’engager.
Après la mort d’Apollinaire, Cocteau répondra toujours présent pour célébrer sa mémoire, rappeler la place capitale qu’il occupe dans la poésie de son temps, ou « faire signe », comme avec ce dessin publié dans Les Lettres françaises du 13 novembre 1958 (quarantième anniversaire de la mort du poète), en réponse à une demande d’Aragon.