Selon Jean Cocteau, une œuvre doit être un objet difficile à ramasser. Poète, romancier, dessinateur, peintre, dramaturge, chorégraphe, scénographe, réalisateur de cinéma, scénariste, acteur, éditeur mais aussi amateur de boxe, homme de radio… Jean Cocteau est un artiste protéiforme qui aura abordé tous les rivages de la création, en respectant chaque fois le précepte énoncé dès 1918, dans Le Coq et l’Arlequin : « Une œuvre d’art doit satisfaire toutes les muses. » Car Jean Cocteau est l’homme d’un art total, inscrit dans un siècle foisonnant. Un artiste unique.
Grâce à de nombreux documents exceptionnels, pour certains rares ou peu connus, ce site Jean Cocteau unique et multiple conçu à l’occasion de l’exposition du même nom au musée Fabre en 2012 (Montpellier), dresse le portrait intime d’un artiste concerné et inspiré par son siècle, fasciné par les spectacles de la vie. Touchant comme un enfant, lorsqu’il s’emballe pour le bibi démodé de Greta Garbo, les performances du boxeur Al Brown ou encore Fantômas… il est en même temps, l’auteur d’une réflexion très contemporaine sur le processus de création, l’exigence de l’artiste, l’avant-garde, les publics, l’inspiration de la rue, l’influence entre art et publicité.
Jean Cocteau est également l’artiste visionnaire dont le cœur balance entre d’un côté, une curiosité pour toutes les modernités, « ce goût pour le neuf » et de l’autre, la nostalgie du poète. Il est ainsi subjugué par la magie des machines, l’imprimerie, le magnétophone, la radio qui transcendent son œuvre, tout en restant clairvoyant sur les limites de la technique, sur le progrès qui stoppe l’invention car « si le téléphone avait existé, que saurions-nous d’une Madame de Sévigné, d’une Madame de Staël ? »
Travailleur acharné, il emprunte avec aisance à tous les arts, en sachant admirer et encourager le génie des autres. Et à ceux que déconcerte son statut d’artiste multiple, Jean Cocteau rétorque qu’il n’y pas d’art sans risque.
Je tiens à remercier chaleureusement Pierre-Marie Héron, Maître de conférences, et Pierre Caizergues, Professeur émérite, Directeur scientifique du fonds Jean Cocteau, qui avec foi, participent au rayonnement de l’œuvre de Jean Cocteau et jettent à l’occasion de ces deux réalisations une lumière exceptionnelle sur le fonds de l’université Paul Valéry, à Montpellier. C’est grâce à Pierre Caizergues que ce fonds a été constitué et qu’il est aujourd’hui le plus important connu.
J’exprime enfin toute ma gratitude à tous ceux qui ont permis ces deux réalisations.
Pierre Bergé
président du Comité Jean Cocteau
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