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Plusieurs années après la rédaction du roman, Cocteau se sent « poussé brusquement à dessiner un grand nombre de scènes qui le composent, d’une plume rapide et mue par une force analogue à celle qui se ruait à travers moi en 1929 » (Préface).

Édité à part, l’album de dessins suppose la lecture du roman en même temps qu’il le remodèle pour laisser librement s’épanouir une mythologie intime autour de ses zones les plus brûlantes. L’allure du roman et ses reliefs changent de proportions. Élisabeth, Paul et Dargelos occupent encore plus le devant de la scène. Dix-neuf dessins racontent la bataille de boules de neige du premier chapitre, onze les drames du dernier (agonie de Paul, suicide de sa sœur).
L’album modifie aussi la fin : il se termine sur trois planches magnifiant la montée de Paul et Elisabeth « au ciel des tragédies », étroitement unis et comme enfin libres de s’aimer exclusivement. Or dans le roman, cette montée repose sur des sentiments plus confus du côté de Paul, dont la dernière pensée n’est pas pour sa sœur mais pour Dargelos. L’apothéose de l’amour fraternel remplace celle de l’amour homosexuel, allusivement évoqué par une planche placée avant les trois dernières : « Paul, mourant, voit les visages de la bataille de boules de neige. »