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« Les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir » (dialogue du film).

Le 11 janvier 1944, Jean Cocteau, qui est en train de relire La Belle et la Bête, conte de Mme Leprince de Beaumont, s’enthousiasme dans son journal : « C’est une merveille […] et les idées de film m’arrivent en foule. […] Si les événements le permettent, j’aurai un film pour l’été. » Première trace écrite de ce qui deviendra deux ans plus tard le premier grand film tourné par le poète.
C’est André Paulvé qui en fut le producteur. Mais subsistait un problème : l’idée que la vedette pût apparaître en bête et pratiquement masquée d’un bout à l’autre chagrinait l’homme de finance qui craignait que le public venu voir Jean Marais ne soit déçu. On fit alors un bout d’essai, et la Bête, avec son masque souffrant de lion humain, produisit un effet extraordinaire qui leva toutes les réserves.

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Sélectionné en 1946 pour le premier festival de Cannes, qui eut lieu cette année-là au mois de septembre, La Belle et la Bête reçut un accueil tiède et n’obtint aucune récompense. De nombreux critiques jugèrent la fin décevante et déplorèrent un rythme de narration trop lent.
Pourtant, avec le temps, le film connaîtra un énorme succès. Il est aujourd’hui, en France et à l’étranger, le film le plus connu de Jean Cocteau. En 1999, lors d’un grand sondage organisé par le journal Le Monde visant à déterminer les œuvres qui seraient les plus importantes au vingt et unième siècle, il fut classé quatrième sur deux cents, juste après Les Temps modernes, Citizen Kane et 2001, Odyssée de l’espace.