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Le tournage a lieu de la mi-mars à la fin juin 1943 au studio de la Victorine, à Valberg, à Aurillac et sur les bords du lac Léman.

D’un point de vue anecdotique, L’Éternel Retour peut apparaître comme le cadeau de Jean Cocteau à Jean Marais. Attentif à la formation de son jeune ami, le poète lui avait déjà donné au théâtre une gloire qui sautait à pieds joints par-dessus le métier et le talent. Il avait inventé un monstre sacré. L’Éternel Retour, film réalisé par Jean Delannoy, allait projeter sur la foule du cinéma le triomphe intime des planches. Il fallait pour cela écrire à l’intention de Jean Marais un rôle proprement mythique : le choix du poète se porta sur la figure de Tristan.
Le film connaîtra un immense succès. Dans les grandes salles parisiennes qui l’accueillent lors de sa sortie, il n’est pas rare que les spectateurs applaudissent debout après la projection. Jean Marais et Madeleine Sologne deviennent les icônes d’une jeunesse qui veut se reconnaître en eux. Le chandail de Marais, son chien Moulouk, la longue chevelure satinée de l’actrice sont élevés à la dignité de fétiches.

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Avec le temps, le succès du film devient une mèche de cheveux dans un médaillon. Jean Cocteau, constatant la péremption de l’œuvre, a pris ses distances. « Je ne peux pas dire, concède-t-il à Roger Stéphane en 1963, que L’Éternel Retour est un film de moi. C’est un film où j’ai assisté, aidé Jean Delannoy. »
« J’ai remarqué d’ailleurs, ajoute-t-il doucement, que les films que j’ai faits seul ont une autre carrière que les films à gros succès, comme l’a été L’Éternel Retour. Ils s’introduisent dans les esprits très lentement. De l’autre côté, il y a le best-seller, puis le coup de gomme. »