Livre encore riche de contradictions, livre à clés aussi, transposant dans une fiction à la fois saugrenue et inquiétante la mue existentielle et artistique de Cocteau, Le Potomak veut marquer un recommencement. C’est une préface, mais à quoi ?
L’édition de 1919 énumère cinq titres de poésie ou de critique, parus ou à paraître : Le Cap de Bonne-Espérance, Le Coq et l’Arlequin, Vocabulaire, Secteur calme, La Noce massacrée.
La préface écrite en 1922 pour un projet d’édition sans suite à la Sirène élargit la liste aux spectacles : Parade, Le Bœuf sur le toit, Les Mariés de la Tour Eiffel) et même aux collaborations de presse : Carte blanche, Le Mot, Le Coq.
Bref, c’est bien toute son activité artistique ultérieure que Cocteau met en perspective, non un type ou une série d’œuvres.
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Le temps d’un livre (à clés lui aussi) écrit en 1939 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Cocteau fait néanmoins revivre avec La Fin du Potomak certains de ses personnages de 1913-1914… et mourir le principal. « Ainsi un saut en avant m’avait fait perdre le Potomak, le retrouver un saut en arrière. De ce Potomak et de ses malaises une œuvre était née. Des lignes, des lignes, des lignes » (La Fin du Potomak).
Ce roman rapide, hérissé d’allusions et d’énigmes, rédigé dans un style crépitant de conversation, Cocteau l’écrit en marge de sa liaison avec Jean Marais, ce qui peut expliquer l’ultime apparition de Persicaire et Argémone dans l’essai critique qu’il consacre à l’acteur en 1951 (Jean Marais, Calmann-Lévy, Paris).