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Couverture d’une petite revue littéraire lancée en 1947 par des admirateurs, avec un mot de Cocteau. Elle ne dépasse pas le premier numéro, tiré à 95 exemplaires. Son : « Ne dis pas, mon pauvre enfant », un des trois poèmes que Persicaire fait entendre à l’auteur sur son gramophone. Il est dit ici par Simone Valère en 1963.

Littérature et nouveaux médias… Cocteau s’intéresse très tôt au cinéma, mais aussi aux « machines parlantes ». Le Potomak fait jouer au gramophone un petit rôle symbolique dans l’histoire, pour suggérer ce que peut être la poésie. Celle-ci fait son apparition après que le lecteur a refermé L’Album des Eugènes, sous forme de poèmes en vers. Le premier précède la visite au Potomak avec Argémone : « Ne sois pas trop intelligent ». L’auteur le déclame au lecteur. Un deuxième survient après cette visite au Potomak. Il s’adresse à Persicaire qui, en réponse, passe trois disques sur son gramophone au moment où l’auteur lui exprime tout son désarroi de vivre. Trois poèmes sur la vie, la mort, l’âme, que les deux amis écoutent dans un profond silence : « Ne dis pas, mon pauvre enfant… », « Quand tu verras mourir… », « Depuis le jour où tu es né… ». Des disques que peu de monde achète, convient Persicaire.

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Cocteau ne rêve pas encore à l’avenir des « livres auditifs » comme Apollinaire en 1913 (« Aux Archives de la Parole »), mais plutôt au phénomène des ondes : « Il existe, Argémone, un système universel des ondes. Toujours un poste enregistre leur épanouissement circulaire, au centre duquel un mot, un geste, un sourire s’enfoncent comme un caillou » (« Ariane »). En fait, le gramophone n’ajoute rien ici au poème, mais il symbolise cette diffusion d’ondes capables, comme les Eugènes devenus aussi invisibles « que dans une chambre les fluides ou les atomes », de faire pénétrer la poésie jusqu’aux entrailles. Quitte à provoquer une indigestion, comme la musique de Parsifal de Wagner jouée par la boîte à musique américaine offerte au Potomak…