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Jean Cocteau et les siens à Maisons-Laffitte.

La maison où il est né, place Sully, le 5 juillet 1989, est la résidence estivale de sa famille maternelle. Luxueusement meublée et décorée, elle est la propriété de son grand-père Eugène Lecomte, agent de change à Paris, et jusqu’à la fin de la vie de Cocteau, reviendront dans son œuvre les souvenirs de cette demeure, de ses proches et de ses hôtes, artistes, musiciens, invités du dimanche. Le voici seul, sagement coiffé et cravaté, puis dans le grand salon près de sa mère. Et voici Paul et Marthe, son frère et sa sœur, et l’oncle André Lecomte, et enfin, son père Georges Cocteau qui se suicidera en 1898. « Ce fut là que nous apprîmes / Les jeux des grandes personnes » écrit le poète dans Le Requiem, et encore là que « nous savourâmes le luxe de la désobéissance ».

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« Maisons-Laffitte est une manière de parc d’entraîneurs semé de villas, de jardins, d’avenues de tilleuls, de pelouses, de plates-bandes, de jets d’eau sur des places. Le cheval de course et la bicyclette y régnaient en maîtres. On y jouait au tennis les uns chez les autres, dans un monde bourgeois que l’affaire Dreyfus divisait. La Seine, l’allée d’entraînement, le mur de la forêt de Saint-Germain où l’on pénètre par une petite porte, des coins à l’abandon où jouer aux détectives, le camp en contrebas, les guinguettes à tonnelles, la foire du village, le feu d’artifice, les prouesses des pompiers, le château de Mansard, ses herbes folles et ses bustes d’empereurs romains, tout composait pour l’enfance un domaine propre à flatter cette illusion qu’elle a de vivre dans des lieux uniques au monde. »
(Jean Cocteau, La Difficulté d’être, 1947.)