Cocteau manifeste une attirance particulière pour les romans dans lesquels s’épanouit le sens de l’enfance, de son univers et de ses mystères, comme Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier ou Le Diable au corps de Radiguet : « Le Grand Meaulnes. Le Diable au corps. Le bon élève Fournier ; le mauvais élève Radiguet. Ces deux myopes qui sortaient à peine de la mort et y rentrèrent bien vite, ne se ressemblaient pas, mais leurs livres communiquent le mystère du règne enfantin, plus inconnu que le règne végétal ou animal » (Jean Cocteau, Opium, 1930).
*
De même, The Young Visitors, de la toute jeune Daisy Ashford, parrainée par l’auteur de Peter Pan, « sort de l’enfance, imbibé d’elle, comme une éponge de la mer ». Cocteau et Radiguet lisent le roman en 1922. « Ce livre nous charme et nous fait éclater de rire. Le comique involontaire de Mlle Ashford est un peu celui du rêve, car il vient de ce qu’elle présente comme la réalité l’image qu’elle se forme des gens et des choses au travers des conversations mal comprises, et de ce qu’elle ajuste avec des phrases, des faits, dont le sens lui échappe, un mécanisme nouveau », écrit Cocteau au début de son court essai sur Picasso paru en 1923 (repris dans Le Rappel à l’ordre en 1926).