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Début du chapitre V : Paul joue au malade, Élisabeth à l’infirmière.

Le jeu, activité préférée des personnages, consiste à « dormir debout un sommeil qui vous met hors d’atteinte et redonne aux objets leur véritable sens ». Il se traduit au-dehors par des jeux de rôles constituant autant de variantes d’un même et inusable dialogue fraternel. Quand Paul joue au malade, Élisabeth joue à la mégère puis à l’infirmière. Puis viennent la sainte et le dadais. Au bord de la mer, le « jeu de villégiature » consiste à terrifier les petites filles ou voler des objets inutiles. Plus tard, quand Élisabeth veut prendre un emploi ou quand Paul tourmente Agathe pour mieux embêter sa sœur, on est toujours dans le jeu.
La dimension tragique de cette activité, que le lecteur pressent très vite en constatant l’électricité d’orage qui émane de leur intimité passionnelle, peut sembler d’abord inapparente : « Cela débute par des enfantillages ; on n’y voit d’abord que des jeux. » Le découpage en deux parties du roman est un moyen clair de marquer le passage « en pleine lumière », sur le devant de la scène, de ce tragique jusqu’alors atmosphérique et sans conséquences graves sur la relation des deux enfants. Il désigne en Agathe et Michaël les fauteurs de trouble, ceux à cause de qui le drame remplace visiblement le jeu, en confrontant le couple du frère et de la sœur à l’amour de tiers qui menacent sa survie.