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Tiré à 150 exemplaires en feuilles sous emboîtage, le livre, signé par Jean Cocteau et Bernard Buffet, a été voulu par Pierre Bergé qui l’a publié chez Parenthèses, à Paris, en 1957.

Bernard Buffet, salué dans un long article de 1958 repris dans Poésie critique I (Gallimard, 1959) est « une pointe de Tolède, une botte secrète », « le prince des fleurs de l’encre et du fil de fer, de ces roses noires qui fleurissent sur le No man’s land des champs de bataille », écrit aussi Cocteau dans un autre texte de la même année repris dans Cortège de la désobéissance (Fata Morgana, Montpellier, 2011). Dès 1955, Cocteau rendait hommage au travail en cours de son illustrateur, par un poème publié dans le catalogue de l’exposition La Voix humaine de Jean Cocteau illustrée de gravures originales de Bernard Buffet et vingt pastels de Jean Cocteau, galerie Lucien Blanc, Aix-en-Provence, 14 juillet – 15 août 1957.

« Gisant debout

Piège à loups que pose une main enfantine
Parce qu’elle voulut (sous notre soleil noir)
Fil de fer barbelé cueillir vos églantines
Saigne l’Ève aux cheveux de pomme d’arrosoir.

Se peut-il que du ciel un instrument à anche
Dans le lit-cage allonge un semble-lys des chants
Et que médiévale une Ève aux larges hanches
Quitte un jardin Éden en proie aux chiens méchants ?

Après le mort aux dents que reste-t-il à prendre ?
Peut-être le fauteuil fantôme où l’on m’assied
L’ombre d’un bec de broc sur la carte du tendre
L’auto-stop arlequin des pylônes d’acier.

Que son fidèle ami lointainement me sache
Bernard bourreau pensif accoudé sur sa hache. »

Sils Maria, juillet 1955