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Édition du Portrait Souvenir avec Roger Stéphane, enregistré en avril 1963 mais diffusé en janvier 1964 seulement, trois mois après la mort du poète (RTF et Librairie Jules Tallandier, 1964).

« De plus en plus inquiet pour les séances de télévision avec Stéphane. Je mâche et remâche mes paroles dans tous les sens et je m’embrouille. Le mieux est d’oublier tout cela et de laisser Stéphane m’interroger à sa guise. Ce qui me permettrait de retrouver à la sauvette ce que je m’efforce de préparer. » (Le Passé défini, 7 avril 1963.)

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« Terrible journée. Branle-bas de la télévision. Je m’embrouille. J’ouvre des parenthèses que je ne ferme pas. Je suis incapable de dire ce que je veux. Je recommence et je vais m’étendre. Ensuite, je me trouve détendu, mais je tâtonne encore. Stéphane m’affirme que, puisqu’il enregistre neuf heures pour en conserver trois, il s’en sortira par les coupes du montage. J’en doute fort. Bien sûr qu’il y aura des choses intéressantes, mais en désordre et sans cette rigueur que j’aime. Ils partent tous à sept heures. Ils reviennent demain à 3 heures. Je crains que ce désastre ne se reproduise. » (Le Passé défini, 16 avril 1963.)

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« Me voilà comme accablé de fatigue et de honte, ayant été au-dessous de moi-même et certain d’avoir mal réussi ce qu’on me demandait de faire. Je viens d’écrire à Roger Stéphane pour qu’il m’accorde un jour de retouches, après lequel j’éprouverai peut-être moins de regrets.

[…]

Je me demande avec angoisse si mon impuissance de cette semaine venait de Stéphane (assez superficiel), de l’appareil, du bric-à-brac des lampes et des objets changés de place, ou d’une fatigue de l’âge. Il est vrai que seul dans ma chambre, je retrouve toute ma liberté d’esprit et d’impression. Il aurait fallu y dissimuler des magnétophones.

Ils ont tourné un nombre incroyable de documents qui empêcheront peut-être le public d’employer le pistolet désintégrateur du bouton de leur poste. Qu’ils le tournent et je disparais. » (Le Passé défini, 20 avril 1963).