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Illustrer Le Livre blanc après Querelle de Brest de Genet…

En illustrant d’un frontispice et de dix-sept dessins l’édition de 1930, Cocteau se propose « d’approuver par l’image cet effort anonyme vers le défrichement d’un terrain resté trop inculte » (préface).
Les dessins de 1930 respirent dans l’ensemble une douceur triste : visages sans sourire, ovalisés, aux regards doux perdus au loin. Des membres mutilés disent la souffrance de jeunes hommes, au corps presque adolescent encore pour certains, visiblement gentils, dont les penchants sont condamnés par la société.
En 1949, le graphisme change, dans le sens d’une affirmation plus audacieuse du corps masculin et de sa sexualité : beaux gars bien bâtis, bien membrés, à la nudité avantageuse, un peu faunesques, exposés seuls dans diverses positions. Trois des quatre dessins s’inscrivent dans la continuité directe des illustrations réalisées par Cocteau deux ans plus tôt pour l’édition clandestine de Querelle de Brest de Genet, chez le même éditeur Paul Morihien, ancien secrétaire du poète tenant une librairie-galerie sous les arcades du Palais-Royal.
L’empreinte de Genet est encore plus forte dans les dessins de l’édition de 1957 publiée à Paris par Maurice Girodias (The Olympia Press) : six des neuf dessins sont des versions légèrement remaniées d’illustrations de Querelle de Brest. Un faune avec cornes et queue se mêle au cortège.