« Premier tour de manivelle des Parents terribles au deuxième étage des studios Francœur. Jean Cocteau est à l’entrée : “Je suis très content de travailler en plein Paris, c’est tellement plus pratique… quoique j’aime bien les studios de St-Maurice, ils me rappellent Maisons-Laffitte et mon enfance…”
Mais qu’est-ce qui pourrait ne pas rappeler son enfance à Jean Cocteau ? Comme si toute sa vie n’avait pas été le prolongement des jeux de Condorcet et des départs de sa mère, le soir, en robe de velours rouge…
Il a même demandé à Christian Bérard de reproduire exactement pour Les Parents terribles un appartement d’autrefois, un de ces appartements que sa famille rêvait de quitter et pour lequel maintenant il faut courir tous les antiquaires et toutes les foires aux puces de Paris.
Réussite mille fois plus ardue que celle de L’Aigle à deux têtes avec ses escaliers et ses chambres royales.
[…]
Je n’ai rien changé à ma pièce… Je réalise avec ce film l’idéal du théâtre, promener les spectateurs de chambre en chambre… On est vraiment comme chez soi ici…Toute la proportion y est… Les gens sont tellement gentils… C’est un travail en famille. Dorziat et Jeannot s’adorent, nous connaissons toute l’équipe, les ouvriers m’amènent leurs gosses… Voilà pourquoi je ne pourrais pas travailler en Amérique… J’aime mettre la main à tout… Heureusement que nous avons encore un peu de désordre et d’anarchie ici !… »
(Cinémonde, n° 719, 1948, article de Lise Claris.)