En mars 1920, face aux surenchères du dadaïsme et à « cet étrange suicide » de la littérature auquel s’emploient « d’enragés littérateurs » autour de Tzara et Breton (Le Rappel à l’ordre), Cocteau et Radiguet décident de lancer Le Coq. Un tout premier numéro 1, daté du 1er avril 1920, est composé sous l’égide de la SAM ou Société d’admiration mutuelle (qui réunit artistes et écrivains autour de Cocteau et du groupe des Six), avec un article de tête de Georges Auric. Faux-départ : Cocteau, qui n’est pas satisfait, l’écarte sur épreuves, de sorte que le vrai numéro 1 est daté du 1er mai. Erik Satie, Georges Auric, Darius Milhaud, Blaise Cendrars, Max Jacob, Lucien Daudet, Paul Morand, participent avec Cocteau et Radiguet à cette entreprise « française » et « parisienne » de rappel à l’ordre, qui va durer moins de huit mois (quatre numéros du printemps à l’hiver 1920).
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Plus radical que Cocteau, qui n’ose pas encore tourner complètement la page dada (Le Coq imite le style typographique et polémique de 391, la revue de Picabia), Radiguet donne à la « revue » quelques-uns de ses articles les plus incisifs, notamment « Depuis 1789 on me force à penser. J’en ai mal à la tête » dans le vrai numéro inaugural (1er mai 1920). Nous montrons ici la première version, de l’article, composée pour le « faux » premier numéro (1er avril 1920) sous le titre « aprèslecubismedadaaprèsdadalaligueantimoderne ».
Mais où s’arrête la pensée de Cocteau et où commence celle de Radiguet ? Dans le numéro 4, les « Conseils aux grands poètes » de Radiguet rappellent fortement un conseil de Cocteau dans Le Coq et l’Arlequin (1918) : « Un artiste original ne peut pas copier. Il n’a donc qu’à copier pour être original. »