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« Jean Cocteau dans “Mon Journal” », pages de Maurice Martin du Gard publiées dans Hommes et Mondes en décembre 1953.

Mal aimé de La N.R.F., haï des surréalistes, Cocteau trouve dans Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques fondées en 1922, hebdomadaire de grande diffusion proposant chaque semaine un tour d’horizon de l’actualité culturelle, un soutien dans l’ensemble bienveillant. Le poète y publie des articles, des interviews, notamment par Frédéric Lefèvre dans la série « Une heure avec » en 1923. En mai 1926, les locaux de la revue seront vandalisés par Breton et Aragon, en représailles du soutien qu’elle apporte alors à Cocteau qui vient de publier sa Lettre à Jacques Maritain.
Maurice Martin du Gard, qui dirige l’hebdomadaire jusqu’en 1936 avec Jacques Guenne, et qui avait accueilli en 1919 sa « Réponse à André Gide » dans Les Écrits Nouveaux, dont il était alors directeur, trouve Cocteau fascinant et le fait figurer en bonne place dans les trois volumes de Mémorables (1957-1978), remarquables chroniques de la vie littéraire composées à partir de notes prises au jour le jour. En décembre 1953, Hommes et Mondes publie plusieurs de ces notes sous le titre « Jean Cocteau dans “Mon Journal” ». Le dernier volume des Mémorables, publié après la mort du chroniqueur, contient un dernier portrait de Cocteau à l’occasion de sa réception à l’Académie française en 1955, dont voici le début :
« L’improvisation est le génie de cet exquis mythomane, d’excellente éducation bourgeoise, de plain-pied avec toutes les sociétés comme il sut l’être avec un monde surnaturel dont, en vers, au théâtre, au cinéma, il fit son grand jeu. C’est une gaieté d’entendre cet esprit imprévu, riche en traits, en fusées, en anecdotes folles, élégant, irrésistible, extraordinairement de source. Un charme immodéré que l’âge est venu assainir ; un air de Paris et de mode, le goût, mais un fonds sérieux, d’énergie, de travail acharné, d’ambition ; avec cela cette urbanité presque insolite, une sorte de respect léger pour tout ce qui est très français, tout cela devait flatter ces grandes personnes auprès desquelles, las d’être pris pour un funambule, Jean Cocteau désirait s’asseoir pour se reposer de tant d’orages. »