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Dédicaces de Jean Cocteau à Arthur Honegger.

« Son génie se sentait entraîné vers un lyrisme moins tropical et plus proche de l’artisanat des cathédrales ou des usines. Le machinisme alterne dans son œuvre avec la gargouille, le retable, la flèche et le vitrail. »
(Cocteau présente le groupe des Six, texte de 1953 enregistré sur microsillon 45 tours par EMI Pathé.)

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« Ce 2 décembre est un anniversaire. Le 2 décembre 1954, on te fêtait, on te décorait, et, malade, je t’adressais de loin quelques paroles fraternelles, et même paternelles.
Paternelles, puisqu’en vérité, davantage que les hautes institutions qui nous obligent, hélas, à comprendre que nous ne sommes plus jeunes, j’en représente ici une autre : ce Groupe des Six, où nous fûmes sept, et que j’ai eu l’honneur de nouer comme un bouquet, à sa base. En l’air, chacun s’épanouissait, s’élançait, penchait, parfumait, selon ses aptitudes.
Car la singularité du groupe est de n’avoir jamais été un groupe d’intellectuels, mais un groupe d’amis, une récréation plutôt qu’une école.
Nous n’étions soudés ensemble que par les forces du cœur. Elles doivent être bien puissantes, puisque les mousquetaires, vingt ans après, se dispersent avant de disparaître, tandis que notre groupe, la mort seule parviendrait à le désunir.
Tu as été un ami adorable et admirable, Arthur. C’est la première fois que tu nous fais de la peine. Je ne t’imagine pas suivre la sinistre farandole de ta Danse Macabre. Je t’imagine tel que je t’ai vu le 28 novembre, merveilleusement beau comme ce Lord Byron qui chantait ta Suisse, et la montrait, analogue à ton œuvre, couronnée de nuages, de neiges et d’éclairs. »
(Jean Cocteau, hommage à Arthur Honegger prononcé aux obsèques du compositeur le 2 décembre 1955, publié dans la revue Inter-Auteurs, n° 121,1955.)