« Mme Bovy est admirable ! Admirable quand elle parle, car elle sait rendre toute l’histoire claire, en ses moindres détails : elle a les intonations les plus justes, les plus variées, et, deux ou trois fois, les plus émouvantes. Admirable quand elle écoute, car elle nous transmet, en quelque sorte, par ses jeux de physionomie, tout ce que, du bout du fil, son interlocuteur lui dit » (La Liberté, 19 février 1930).
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De nombreuses actrices ont cherché après Berthe Bovy à relever le défi de cette « voix humaine » chargée d’exprimer, au-delà du drame d’une malheureuse en amour, le drame de la condition humaine, de la douleur de vivre.
Un défi humain, mais aussi « technique » si l’on peut dire : la subtilité qu’il retire au monologue-dialogue téléphonique, Cocteau les demande au jeu de la comédienne, sur lequel il fait reposer l’expression de tous les sentiments qui traversent le personnage, dans leur fugacité, leur variété, leur chevauchement, leurs nuances. La formule du monologue-dialogue avec un interlocuteur invisible impose à l’actrice de jouer tous les rôles, de donner forme par sa manière de parler et d’écouter à l’ombre qu’on ne peut qu’imaginer au bout du fil.
Le public de 1930 a beaucoup applaudi Berthe Bovy dans cet exercice de haute virtuosité : « Au-dessus de tout il y a la voix si étonnamment diverse, si nuancée, si colorée dans toute la gamme des gris ou des violets de Mme Berthe Bovy […] » (Comœdia, 18 février 1930). En 1958, elle propose elle-même un nouvel enregistrement de la pièce qui a fait sa gloire.