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Article de Cocteau dans Gazette des sept arts, 10 février 1923. Préface au livret d’opéra Antigone (Éditions Salabert, 1927), reprise en préface de l’édition originale de la pièce (Gallimard, 1928).

La pièce, adaptée de Sophocle, est créée le 20 décembre 1922 au théâtre de l’Atelier. Si Cocteau ne la fait pas précéder d’un article dans la presse, un texte figure dans le programme du théâtre de l’Atelier distribué aux spectateurs. Cocteau joue le Chœur, Antonin Artaud est Tirésias, Charles Dullin est Créon, Antigone est jouée par Génica Athanasiou. Le décor est de Picasso, la musique de scène d’Arthur Honegger. « À propos d’Antigone », dans Gazette des sept arts du 10 février 1923, explicite et justifie dans un style alerte, nerveux et précis tous les choix de l’auteur-metteur en scène (Dullin a laissé Cocteau mener le projet), que le succès des représentations a mis dans une position avantageuse.
Succès un peu gâté peut-être par les réserves de Gide, qui a vu la pièce le 15 janvier 1923 et trouve qu’elle déforme l’original grec, en prêtant à rire à cause de « quelques insignes maladresses » : « Je sais que vous aimez Sophocle ; mais je crains que vous ne l’aimiez surtout quand il danse. “Patine”. Il n’y a que les bons vins qui vieillissent bien. La patine est la récompense des chefs-d’œuvre » (lettre à Cocteau, 24 janvier 1923). « On peut dire aussi : La patine maquille les croûtes… etc. », lui répond Cocteau (lettre du 29 janvier).
La fin de l’article donné à la Gazette des sept arts fait un sort à cette question de « patine » :
« J’ai, de la sorte, obtenu un résultat curieux : Le drame “rafraîchi”, rasé, coupé, peigné, dérange les critiques au même titre qu’une pièce neuve. Car un chef-d’œuvre porte en soi une jeunesse que la patine recouvre, mais qui ne se fane jamais. Or c’est seulement cette patine qu’on respecte, qu’on imite. J’ai ôté la patine d’Antigone. On a cru me reconnaître dessous. C’est bien de l’honneur »
L’édition originale de la pièce en 1928 ne reprend pas ce bel article, mais réunit deux autres textes : en postface, un article de 1926 (« Antigone place de la Concorde ») ; en préface, un bref texte rédigé pour l’opéra écrit par Honegger sur le texte de la pièce, créé à Bruxelles le 27 décembre 1927.