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« On ne rencontre que chez Émile Gaboriau le plaisir qu’on éprouve à lire Stendhal et Balzac », affirme « Jean l’Oiseleur » en 1925. En 1957, il préface Le Petit Simonin illustré et publie dans les Cahiers des saisons (n° 12, octobre) un article élogieux sur ces « auteurs modestes », trop modestes, que sont les auteurs de romans policiers.

En 1957, Cocteau achève la décoration de la chapelle Saint-Pierre, s’initie à la poterie et compose Paraprosodies. Il signe également la préface du dictionnaire d’argot illustré d’Albert Simonin, ornant du sceau de l’académicien cet hymne à la « langue vivante » : l’art du génie de comptoir, de la gouaille populaire ou de l’irrévérence distinguée des voyous de cinéma y est valorisé jusqu’à la révélation. Cocteau ne pouvait pas non plus ignorer le langage d’un Frédéric Dard, avec lequel il entretint une correspondance au demeurant fort courtoise. Dans Cahiers des saisons, il confesse et confirme son « effrayante consommation de ces livres » qui le séduisent parfois au point de ne plus les lâcher avant d’atteindre la fin de l’histoire, quitte à y sacrifier un peu de son sommeil.

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« Prestige de l’ennui auprès de l’intellectualisme. C’est sans doute ce qui discrédite les remarquables romans romans américains des collections policières. On ne peut les quitter lorsqu’on a commencé à les lire »
(Jean Cocteau, Le Passé défini, 18 janvier 1956.)

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« Il y a des livres “Série noire” que j’eusse été bien fier d’écrire. Un surtout : The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth, traduit, hélas, sous le titre détestable de Un aller simple. Ce livre est un chef-d’œuvre. »
(Jean Cocteau, Le Passé défini, septembre 1958.)

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« à Mary Grant, avec amitié

Il est de toute évidence que le terme “policier” discrédite, hélas, une littérature fort supérieure à ce qu’on a coutume de désigner par ce nom.
Il a fallu ma fatigue du monde des lettres pour m’aider à découvrir les merveilles qui s’écrivent en marge des livres de Prix. Sur une cinquantaine de volumes de la “Série noire”, du “Fleuve noir”, des “Presses de la Cité”, il arrive que douze œuvres traduites et directes soient des chefs-d’œuvre et d’un tel relief que la traduction ne puisse leur nuire.
Le livre policier moderne est aux romans qui s’accumulent chez les libraires, ce qu’est le jazz à des musiques médiocres, et, de même que la virtuosité de ses solistes en fait notre véritable musique de chambre, de même, par l’intrigue, par le style, et malgré la faconde à quoi la soif du lecteur les condamne, certains auteurs de ces collections s’alignent dans ma mémoire avec Balzac, Stendhal, Gobineau.
En outre, comme les intellectuels dédaignent ce “genre” parce que le verbe en est actif, il est normal que le théâtre y cherche des ressources neuves. »
(Jean Cocteau, Le Passé défini, VI, annexe XVIII.)

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« Hier soir, j’ai pris au hasard un livre du Fleuve noir, La Vérité en salade, de San Antonio. C’est ainsi que j’ai su que le livre m’était dédié. »
(Jean Cocteau, Le Passé défini, novembre 1958.)