Le roman le plus connu de Cocteau, le plus réédité, le plus lu, s’inscrit dans la ligne de son rappel à l’ordre classique au début des années vingt, quand il invite à faire de chaque œuvre « un ouvrage clair à l’endroit, obscur à l’envers de toute la nuit individuelle » (« Autour de Thomas l’imposteur », 1923).
La préoccupation du grand public y est plus affirmée, encore plus que dans Le Grand Écart et Thomas l’imposteur, les deux fictions de 1923. Le prière d’insérer de juin 1929, sans doute rédigé par l’auteur comme il est d’usage, annonce clairement la couleur, en faisant des Enfants terribles une réponse à la réputation de son œuvre d’être « inaccessible à certains lecteurs » : « Il semble que la zone d’ombre où cette œuvre se tient toujours, zone intermédiaire entre le rêve et la réalité, entre la vie et la mort, effraie les uns et déroute les autres. Cette fois, le roman de Cocteau Les Enfants terribles ne saurait rebuter personne. On pourrait dire que l’ombre s’y montre en pleine lumière. »