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Le bureau de Jean Cocteau rue d’Anjou. Le poète assis sur sa commode (1938). Photos de sa mère.

Mme Cocteau s’installe au 10, rue d’Anjou en 1910 et elle y habitera jusqu’à la guerre de 1939. C’est l’adresse officielle de Jean pendant cette période mais, au fil des années, il vivra de plus en plus irrégulièrement avec sa mère tout en gardant avec elle des liens affectifs très forts que traduit notamment sa réponse au magazine Pour elle, en 1941 :
« J’ai eu la chance d’avoir une mère admirable. Ferme et tendre. J’étais d’une famille où mon apparition risquait de faire scandale. De son œil noir que madame de Noailles appelait notre œil de rossignol, ma mère me suivait et me comprenait. Elle constatait qu’une légende bruyante et ridicule se superposait à mon amour du travail et de la maison. C’est à cause d’elle que la boue ne m’a pas atteint. Sans doute m’avait-elle donné un peu de ce lustre qu’elle possède comme les cygnes qui nagent dans l’eau sale et ne se tachent pas. »
On la voit ici jeune, puis en 1940, trois ans avant sa mort.

*

« Je suis noyé, chassé, traqué par le désordre. Il avance dans la chambre que j’habite comme une invasion barbare. Chaque jour je constate ses progrès ; chaque jour je recule, je projette de prendre des mesures. Un beau matin je range un peu (je déplace le désordre) et je me crois vainqueur.
Toujours est-il que cette chambre qui me tue, qui est une petite image de mon drame, offre au visiteur un aspect pittoresque. Les gens endormis d’ordre mort me la jalousent, les jeunes poètes y découvrent des charmes, des pièges, des mélanges dangereux ; elle amuse les reporters. »
(Jean Cocteau, Lettre-plainte, Roland Saucier éditeur, Paris, 1926.)