Après le coup d’envoi du 21 janvier au Théâtre des Célestins à Lyon, la troupe de Jean Marais emmène La Machine infernale en tournée en France, Suisse, Maroc, Belgique, Allemagne : Hambourg, Bonn, Francfort, Düsseldorff (où Gustav Gründgens, admirable metteur en scène de Bacchus et interprète du Cardinal de la pièce en 1952, l’accueille dans son théâtre), Nuremberg, Stuttgart… La tournée en Allemagne est un triomphe que n’exagère pas Cocteau dans Le Passé défini, comme en témoigne le dossier de presse déposé par Jean Marais au fonds de Montpellier (extraits de la presse allemande traduits en français) : salles combles, services d’ordre débordés, ovations et rappels interminables. Il est vrai que la popularité de l’acteur y est pour beaucoup…
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« Mon Jeannot chéri,
Tu serais heureux si tu étais là. Ta pièce a remporté un triomphe à Hambourg comme je n’ai jamais vu. Nous avons eu trente rideaux puis quand le rideau de fer a été baissé il a fallu le relever cinq fois car le public tapait dessus à coups de poing pour qu’on le relève — les gens criaient bravo en mesure et finalement (moi j’étais déshabillé en robe de chambre) le public, qui était presque entièrement resté dans la salle, est monté sur la scène et il a fallu qu’on vienne me défendre de la foule. Il n’était pas question de sortir par la porte des artistes et la foule restait dehors entourant le théâtre. Ce sera sans doute le plus beau souvenir et le plus émouvant. »
(Jean Marais, lettre à Jean Cocteau du 6 mai 1954.)