L'auteur et son œuvre / Vie de l'œuvre

Lectures de l’œuvre

Lectures à une voix

La Machine infernale, dit par Germaine Montero en 1957 : un disque 45 tours Vega, dans la collection « Théâtre du siècle ». « Elle jouait le rôle comme je le lis et sans me l’avoir entendu lire », écrit Jean Cocteau dans Le Passé défini.

« Lecture à une voix » : un auteur, un comédien, lisent tous les rôles d’une pièce. Cocteau le fait souvent, par exemple lors de la séance de 1927 à l’université des Annales, où il dit intégralement Orphée et Œdipe-Roi. Dans Le Figaro du 20 août 1955, André Brincourt fait valoir le double intérêt de l’expérience : « […] d’une part c’est, à travers une voix unique, retrouver l’unité première de l’œuvre choisie ; d’autre part, c’est juger de la qualité très particulière du “lecteur”, puisqu’il s’agit moins de jouer successivement les personnages que de vivre la pièce (en la communiquant) dans sa dimension d’œuvre complète et originale en soi. »
La collection de disques « La Voix de l’Auteur » reprend le principe. Elle est créée en 1961 par Roger Capgras, qui avait accueilli la création des Parents terribles au Théâtre des Ambassadeurs en 1938. La pièce lue par l’auteur constitue le numéro deux de la collection, pour laquelle Cocteau lit aussi Orphée (« La Voix de l’auteur », n° 8), Les Mariés de la tour Eiffel et des extraits de Portraits-Souvenir (« La Voix de l’auteur », n° 13). Dans Le Cordon ombilical (1962), Cocteau commente sa lecture des Parents terribles :
« En écoutant mon disque des Parents terribles, je m’aperçus que ce que je croyais conforme à ma lecture aux artistes était imprégné de ce que les créateurs et, par la suite, les nombreux comédiens qui reprirent les rôles, avaient ajouté de personnel à mes personnages. Voilà encore une version inédite des noces mystérieuses qui nous prolongent. Le nez du père, les yeux de la mère, la bouche de l’oncle. Ces empreintes d’une famille se retrouvent dans certaines intonations qui se superposent aux miennes et en déterminent l’archétype. »

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Auparavant, la radio avait fait de ce genre de lecture dite « à l’italienne » le principe d’une série d’émissions lancée par Michel Polac en 1954 et qui dure dix ans : Lecture à une voix. C’est au cours d’une de ces émissions diffusée le 11 novembre 1957 que Germaine Montero dit La Machine infernale. Cocteau avait beaucoup apprécié son interprétation de Jocaste dans une précédente radiodiffusion de la pièce en octobre 1953 : « Elle jouait le rôle comme je le lis et sans me l’avoir entendu lire », écrit-il dans Le Passé défini.