Quand Cocteau, âgé de dix-neuf ans, publie La Lampe d’Aladin, c’est à l’ombre de l’Académie. Il aime Baudelaire, Verlaine, Laforgue, Anna de Noailles, mais aussi Catulle Mendès, Albert Samain, Rodenbach, Maurice Rollinat ou Jean Lorrain, salués dans le poème Les Muses de ma bibliothèque. La même année, Apollinaire publie La Chanson du mal-aimé, La Nouvelle Revue française commence… Il faudra « une maladie et une sorte de crise de mue profonde, animale, végétale », en 1913, pour que Cocteau « découvre que la poésie n’est pas un jeu, un moyen de gloire, mais l’envers du brio : un drame, une bête qui vous dévore, un ange qui vous gifle, qui vous ordonne » (notice biographique rédigée par le poète vers 1930, publiée dans Autoportraits de l’acrobate, Fata Morgana, Montpellier, 1995).